En quête de performance : les coulisses du MES – Episode 4

Article rédigé par Baptiste Jard, Ingénieur Logistique et expert MES qui a dirigé le projet d’implémentation d’Aquiweb chez Howden Solyvent-Ventec sur le site de production de Meyzieu.
2h18 au marathon, il a décidé de mettre en suspens sa carrière d’ingénieur pour se lancer à la poursuite de son rêve : représenter la France sur les plus grandes compétitions internationales.
Quel profil choisir pour mener à bien un projet MES ?

Le mois dernier, nous avons défini ensemble les points clés pour monter un cahier des charges robuste et être certain de répondre à toutes les attentes lors du déploiement du projet MES dans l’usine. Maintenant que nous savons comment procéder, il faut trouver à qui confier cette tâche de « Chef de projet MES » en interne pour s’assurer un bon déroulé du projet.
Voici déjà deux points qui me paraissent important d’évoquer en amont :
Premièrement, et nous en avons déjà parlé dans le dernier épisode de cette série, je pense que confier un tel projet à un responsable déjà présent dans l’atelier (responsable de production, logistique, méthodes, …) est tout à fait envisageable, mais n’est pas l’idéal. De part leur charge de travail existante mais aussi du fait que les responsables de départements voient beaucoup de choses au travers du prisme de leurs propres équipes, je pense que certains aspects du projet MES pourraient en pâtir du fait du manque d’information sur les attentes des autres départements. Dans la mesure du possible et si les effectifs/budgets le permettent, détacher quelqu’un à plein temps sur un projet MES dans une entreprise est la meilleure solution de mon point de vue. Cela permet d’avoir quelqu’un avec une vision globale du projet, capable de rassembler les idées et attentes des différents départements concernés tout en ayant un focus complet sur ce projet afin de le faire avancer rapidement.
Deuxièmement, embaucher un profil stagiaire est un bonne option (j’ai moi-même pris en main un projet d’installation MES en tant que stagiaire de fin d’études ingénieur) mais sur des projets qui peuvent durer plusieurs mois, voire années pour des projets multisites, il est important de s’assurer que la durer de ce stage couvre la durée prévisionnelle du projet ou que l’embauche du stagiaire dans l’entreprise est envisageable à l’issue de son stage afin d’assurer la continuité du projet sans accrocs. Confier un tel projet à un profil en alternance est logiquement plus compliqué de part les périodes d’absence dans l’entreprise de celui-ci.
Maintenant que nous savons ça, quelles sont les qualités qu’un chef de projet MES doit avoir pour pouvoir mener à bien ce chantier non négligeable pour l’entreprise ?
Savoir (bien !) communiquer.
Cela semble aller de soi, mais la communication est un facteur clé de la réussite d’un projet comme l’installation d’un logiciel MES. Qu’il s’agisse de la communication en interne ou avec Astrée, le chef de projet MES doit être capable de recueillir et d’exprimer les attentes des personnes impliquées dans le projet aux équipes d’Astrée. Inversement, il est important de communiquer les modifications apportées à l’outil (notamment lors de la phase de développement) aux utilisateurs pour qu’ils puissent le prendre en main le plus rapidement et faire leurs retours si des problèmes surviennent.
De manière plus formelle, il est aussi nécessaire de savoir synthétiser et restituer les avancées du projet à sa direction tout au long de son déroulement. Un projet MES représentant un coût non négligeable, les membres de l’entreprise (même ceux qui ne sont pas forcément impliquées directement dans ce projet) ont besoin de voir que les choses avancent et que l’outil qui s’apprête à être déployé va apporter un vrai « plus » pour tout le monde. Des rapports hebdomadaires, bimensuels ou mensuels peuvent être mis en place afin de transmettre les informations importantes et répondre aux questions des personnes qui voient le projet d’assez loin.
Avoir l’esprit d’équipe.
Un projet MES ne se fait pas tout seul, loin de là. Même sans être un manager direct, en tant que leader de ce projet, il est important d’aligner tout le monde vers un objectif commun qui est l’amélioration du quotidien dans l’entreprise et de ses performances. Pour cela, il est indispensable de savoir montrer l’exemple, motiver les personnes impliquées, répondre aux doutes et aux questionnements qui peuvent subvenir tout au long du déroulement de celui-ci. Garder une certaine cohésion d’équipe et savoir l’animer aide aussi à répondre aux attentes de chacun sans laisser de côtés certaines personnes qui pourraient avoir leur mot à dire. Moins d’oublis lors de la mise en place, c’est aussi un gain de temps (et donc d’argent) non négligeable pour l’avenir, une fois que le logiciel sera installé.
Comme le dit le célèbre adage : « Seul on va plus vite, ensemble on va plus loin. »
Aimer le terrain.
Installer un logiciel MES dans une entreprise, c’est avant tout se confronter à la réalité du terrain, pour être capable de l’améliorer. Être chef de projet MES ne se résume pas à gérer des fichiers excel de budget ou à échanger avec les équipes d’Astrée au téléphone. Il est indispensable d’avoir une bonne connaissance de l’entreprise dans laquelle on évolue, notamment au niveau opérateur. Il y a fort à parier que ces derniers seront les premiers utilisateurs de la solution. Passer du temps auprès des équipes dans l’atelier est donc indispensable, que ce soit en avant-projet, pendant son déploiement mais aussi lors de la transition entre les anciens et le nouvel outil pour assister et aider au changement.
Être autonome et désireux d’apprendre.
Je dirais que tout savoir sur les logiciels MES n’est pas une qualité requise pour pouvoir mener à bien un projet d’installation dans une usine. J’ai pris en charge mon premier projet MES en sortant d’une formation d’ingénieur en science des matériaux, très loin du monde du de la production et de la digitalisation d’atelier. Ce qui est important, c’est de savoir évoluer en même temps que son projet, de savoir poser les questions quand il manque des informations, d’avoir envie d’apprendre sur le sujet (ce qui passe par du temps de présence sur le terrain comme évoqué précédemment) et d’être capable de prendre des décisions par la suite, quitte à se tromper. Tout ne se passera pas comme prévu, c’est quasiment certain. La vraie force est de savoir rebondir si un imprévu se présente, grâce à l’aide de ses équipes en interne et des équipes Astrée mais sans avoir forcément besoin de monopoliser toute sa hiérarchie sur le sujet.
Quoiqu’il en soit, déployer un logiciel MES dans un atelier de production sera une expérience très formatrice que ce soit pour un profil novice comme un profil plus expérimenté. L’aspect pluridisciplinaire d’un tel projet permet de stimuler beaucoup de compétences et d’en apprendre énormément sur les mondes de la digitalisation et de l’industrie. C’est pour ça qu’un profil ingénieur peut parfaitement faire l’affaire à mon sens. Le plus important à mes yeux reste la motivation et l’envie de se former dans le monde industriel au contact direct du terrain afin de conduire au mieux le changement dans l’usine au cours du projet. Cette conduite du changement sera d’ailleurs le sujet du prochain épisode !
Caractéristiques nécessaires au bon déroulement d’un projet MES
- Communication
- Esprit d’équipe
- Capacité de restitution et de synthétisation
- Rigueur
- Appétence pour le terrain
- Autonomie
Article rédigé par Baptiste Jard, 2h18 au marathon, qui a décidé de mettre en suspens sa carrière d’ingénieur pour se lancer à la poursuite de son rêve : représenter la France sur les plus grandes compétitions internationales.